Qu’est-ce que le programme d’accélération du groupe Lefebvre Sarrut ?

Le programme d’accélération du groupe est une initiative lancée fin 2018 en partenariat avec Village by CA qui est un réseau d’incubateur porté par le groupe Crédit agricole. Il accompagne les start-up tous secteurs confondus avec une dominante Fintech et consommation (retail) mais pas seulement. Quand nous nous sommes rapprochés d’eux l’idée était de créer une verticale autour de la Legaltech et de la Regtech.

Le groupe Lefebvre Sarrut a alors fait un appel à candidature prenant la forme d’un concours pendant quelques semaines et qui a débouché sur une « pitch party » en mars 2019. Nous avons fait pitcher une dizaine de candidats sélectionnés parmi les dossiers de 90 start-up. Quatre lauréats ont été désignés, dont Case Law Analytics, pour bénéficier d’un programme d’accompagnement pendant 2 ans (mars 2019 à mars 2021).

Il s’agit d’un accompagnement opérationnel et métier avant tout c’est-à-dire de mentorat et de conseil sur la stratégie de communication, voire commerciale, et aussi de mise en relation. Ensuite, le programme s’est construit à façon en fonction de chacun des acteurs en question car ce sont des start-up très diverses, dans leur histoire, leur positionnement et leur offre de valeur. Nous avons donc réfléchi ensemble au meilleur moyen de les accompagner dans leur développement.

Cet accompagnement nous permet nous aussi de nous acculturer à une autre façon d’innover et de créer de la valeur. C’est le fondement de tous les programmes d’innovation ouverte qui vont mettre en relation des grands groupes et des petites structures jeunes et agiles. Un vrai dialogue s’installe entre les équipes au sein du groupe et les start-up avec une sorte de sponsoring par des référents métiers au-delà de l’accompagnement opérationnel et métier que j’ai porté.

Pourquoi avez-vous choisi Case Law Analytics ?

Case Law Analytics est une histoire emblématique de la Legaltech car c’est un acteur, porteur d’une solution technologique irrésistible, avec une approche novatrice dont un acteur traditionnel ne peut pas s’équiper sans développer des projets R&D conséquents. Il s’agit d’une expertise, fruit du travail d’une équipe de mathématiciens, chercheurs, statisticiens, étrangère a priori à un groupe d’édition juridique.

Pour autant, c’est un couplage idéal mêlant deux savoir-faire complémentaires : d’un côté, cette capacité à calculer les aléas et à modéliser le raisonnement judiciaire et de l’autre, une expertise sur la donnée avec des ressources expertes en interne et une ouverture sur le marché des avocats et directions juridiques.

C’est aussi un prolongement naturel dans l’expérience que nous offrons à nos clients avocats avec ce volet très technologique qui va leur permettre d’enrichir et d’étayer leur recherche documentaire. Le partenariat consiste à coupler la documentation juridique de Dalloz Avocats aux modules d’exploration de Case Law Analytics qui met sa solution à la disposition des abonnés. Une quinzaine de modules dans différents domaines du droit sont déjà disponibles pour aider les avocats à conseiller au mieux leurs clients en appréhendant les tendances et les risques de chaque affaire. De plus, toute la documentation Dalloz devient cliquable et consultable à partir des résultats donnés par la solution. Ses fonctionnalités permettent d’entrer dans la richesse, la densité et la complexité de la matière jurisprudentielle.

C’est pourquoi nous avons choisi Case Law Analytics mais notre envie de travailler ensemble était mutuelle et préexistait à ce programme.

Que représente ce partenariat pour Dalloz Avocats et ses clients en termes d’innovation et d’intelligence artificielle ?

Il y a eu, depuis que la Legaltech a émergé, beaucoup de fascinations et de fantasmes autour de ce qu’on a appelé la justice prédictive avec des outils qui avaient vocation, à partir des données observées, à dégager des tendances permettant d’imaginer ce que sera la résolution d’un cas futur.

Or, ces outils étaient souvent adressés par des acteurs qui n’étaient pas forcément armés intellectuellement et scientifiquement pour se lancer sur ce terrain. Les auxiliaires de justice autant que les magistrats ont bien évidemment pressenti les dangers de tels outils avec le risque de retenir les mauvais critères ou d’embarquer des biais dans la modélisation. Dans ce cas, le calcul peut renforcer et sur-interpréter un de ces critères en donnant des résultats mauvais ou en ne faisant que creuser une tendance qui n’est jamais que la répétition du passé. Or, le droit est une matière vivante qui évolue au gré de l’ingénierie juridique de ces professions.

C’est dans ce contexte que nous étions intéressés à nous rapprocher de Case Law Analytics. Leur démarche est rigoureuse, scientifiquement étayée mais aussi parfaitement contrôlée et maîtrisée d’un point de vue éthique. C’est ce que nous souhaitions promouvoir auprès de nos clients avocats.

Ensuite, le secteur de la Legaltech s’est construit autour de promesses technologiques très offensives avec un discours autour de l’intelligence artificielle qui a enflé. En tant qu’éditeur juridique, expert de la donnée, de la façon dont on la structure et modélise, nous avions les moyens intellectuels d’être clairvoyant et de discerner le vrai du faux. L’intelligence artificielle est en réalité inexistante dans la majorité des legaltechs car elles reposent sur des systèmes permettant simplement de reproduire des règles logiques. Ce sont des technologies qui sont mûres depuis 20, 30 ans.

Ce qu’il y a de novateur aujourd’hui dans ce secteur en matière d’intelligence artificielle, c’est le machine learning c’est-à-dire l’apprentissage par les données et d’autre part, la capacité à faire de la modélisation fine de cas d’usage tel qu’on en trouve chez Case Law Analytics.

C’est différenciant par rapport aux autres offres qui existent sur le marché. J’espère que les avocats qui ne connaissaient pas encore Case Law Analytics et qui découvriraient cette solution via Dalloz Avocats verront la valeur ajoutée et le bénéfice que nous leur apportons.