Pourquoi Avocap a-t-il très vite fait le choix de s’intéresser à l’intelligence artificielle et de nouer un partenariat avec Case Law Analytics ?

Arnaud Lizop : Tout d’abord, nous avons eu la conviction un peu intuitive que l’intelligence artificielle était en train de prendre une place croissante dans les prestations intellectuelles en général et dans le droit en particulier. Simultanément, il y avait et il y a toujours une très grande méconnaissance de ce qu’est l’intelligence artificielle et de ce qu’elle peut nous apporter.

Il y avait un grand écart entre d’une part, la conviction de sa nécessité et d’autre part, la difficulté de comprendre comment s’en servir et quel impact concret cela pourrait avoir sur notre exercice.

Notre rencontre avec Jacques Lévy Véhel a été déterminante non seulement en raison des qualités scientifiques qui sont les siennes mais surtout en raison de l’éthique et de la déontologie qui imprègnent toute sa démarche.

Bérénice Ferrand : Notre partenariat est fondé sur des valeurs communes qui sont l’éthique, la rigueur professionnelle, la recherche de la qualité, un accompagnement par la formation et une idée d’accompagner nos confrères dans une évolution professionnelle qui permettent de pérenniser leur activité face aux bouleversements technologiques auxquels ils sont confrontés de manière quotidienne.

Comment est-il accueilli par les membres d’Avocap ?

Arnaud Lizop : Le premier réflexe est celui d’une certaine perplexité pour les raisons évoquées précédemment. Nous avons donc réalisé un travail pédagogique très important auprès de nos membres ce qui nous a permis de faire en sorte que l’adhésion à Case Law Analytics ne soit pas une option mais une condition d’appartenance au cabinet Avocap. L’outil est donc intégré au service de l’exercice réalisé par plus de 200 confrères.

Bérénice Ferrand : L’enjeu n’est plus tellement de convaincre les confrères de recourir à l’intelligence artificielle pour les soutenir dans leur travail mais plutôt de les former à une utilisation efficace. Je pense notamment à la formation des jeunes confrères pour qu’ils implémentent Case Law Analytics dans leur apprentissage des pratiques professionnelles actuelles. Et avec l’enrichissement croissant de votre offre de modules, il est certain que de plus en plus de nos membres sont séduits.

Comment avez-vous intégré l’utilisation de cet outil dans vos formations?

Bérénice Ferrand : Nathalie Navon-Soussan et Michel Apelbaum sont en charge du pôle formation au sein d’Avocap et de fervents utilisateurs de Case Law Analytics. Ils l’intègrent dans la plupart de leurs formations sur la justice amiable, qui portent sur le règlement alternatif des conflits, dans des formations sur les soft skills ou sur les outils à la disposition des avocats dans leur pratique professionnelle.

Un juriste-chercheur de Case Law Analytics intervient aussi régulièrement à leurs côtés ce qui apporte à chaque fois la profondeur nécessaire pour que nos confrères fassent le pont entre la théorie et la pratique. D’un côté, il y a le rapport émis par la solution avec les résultats de l’analyse du dossier qui est un outil de stratégie et de l’autre, le regard d’un juriste de votre legaltech qui leur apporte l’expérience de l’utilisation de l’outil. Ce duo d’intervention est toujours très riche et apprécié.

Quels sont les bénéfices pour vos membres ?

Bérénice Ferrand : Nos membres perçoivent Case Law Analytics comme un véritable outil de stratégie du procès c’est-à-dire qu’ils s’en servent pour savoir s’il est préférable d’engager une procédure ou de se tourner vers une solution de médiation ou de conciliation dans l’intérêt du client. En utilisant cette solution, nous réinventons nos process et nos façons de travailler puisque dès la prise en charge d’un client et son dossier, nous nous rendons compte que l’orientation de notre stratégie peut prendre un tournant très différent de ce qu’elle aurait pu être sans ce type d’outil.

Leurs clients sont très satisfaits que les avocats utilisent une solution d’intelligence artificielle. Ils comprennent les données de Case Law Analytics et sont rassurés car c’est une façon très didactique d’expliquer le risque contentieux.

Arnaud Lizop : Nos membres les plus agiles comprennent très vite que CLA peut et doit être facturé trois fois son coût. En effet le résultat obtenu devient une aide à la réflexion, à l’analyse objective, au rapprochement entre les parties et finalement à la décision, loin des coûts et délais des procédures habituelles. Il n’y a plus d’ascension aux extrêmes mais un rapprochement vers le compromis.

Quels sont les enjeux de l’utilisation de solution d’intelligence artificielle dans le domaine du droit ?

Bérénice Ferrand : La question qui se pose aux confrères actuellement est celle de la refacturation. En effet, il faut savoir expliquer aux clients qu’un avocat qui utilise ce type d’outil est plus performant et vise à atteindre une solution plus simple et plus amiable. C’est un travail pédagogique que nous sommes en train de mener.

Mais à mon sens le vrai sujet à l’avenir portera sur la formation des magistrats à ce type d’outil pour qu’ils comprennent qu’eux-mêmes peuvent s’en servir dans leur pratique au même titre que les confrères avocats.

Quelques mots sur Avocap

Arnaud Lizop : Avocap est un regroupement d’avocats indépendants organisé sous la forme d’un cabinet au barreau de Paris. Il compte 224 cabinets qui représentent 294 avocats membres d’Avocap.

Notre mode de fonctionnement repose sur un principe unique qui est celui de la mutualisation des moyens pour développer nos outils. Nous sommes dirigés par un conseil d’administration qui regroupe les responsables des différents pôles - formation, Avocap en ligne, Avocap 2.2, Avocap Europe, Avocap Lisbonne et Avocap exercice- et un conseil d’orientation qui comprend des membres élus et des membres nommés. Nous avons une 3ème cellule très restreinte (3 à 5 membres) dont l’objet exclusif est de réfléchir à l’avenir de la profession et de formuler en interne des propositions pour continuer à innover.

L’identité profonde d’Avocap est d’être, et c’est notre spécificité, un cabinet indépendant qui a une vocation d’intérêt général.

Bérénice Ferrand : C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de développer un pôle dédié à l’intérêt général et à la réflexion sur les grands sujets de société comme le droit des aînés ou les EPHAD et un un pôle structuré autour de la recherche et du développement au sein duquel une étude sur les legaltech en pointe sera notamment menée.

Enfin, notre objectif est de doubler la taille d’Avocap d’ici 12 à 18 mois.